J’ai découvert la marque Leonor Roversi sur Instagram. Des t-shirts simples avec un message féministe fort. Sympa. Et puis un jour, j’étais dans le métro A et je l’ai vue. Elle, cette jolie brune, avec ses petits yeux rieurs et son large sourire. Gabriela, la créatrice de Leonor Roversi, c’est un peu la chaleur humaine incarnée. Nous sommes allées rencontrer la jeune mexicaine dans son bureau, au village des créateurs, un lundi matin. Elle nous a servi un café et nous a raconté son histoire.
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Gabriela, qui es-tu ?
Je viens de Mexico. J’ai suivi une licence en stylisme là-bas avec une spécialité dans le domaine du luxe. J’ai notamment travaillé en tant que styliste pour une chaîne de télévision mais cet univers très bling-bling ne me correspondait pas du tout !
Je suis arrivée à Lyon en septembre 2012 pour faire un master en marketing à l’Université de la Mode. J’ai fait un stage chez Max Chaoul, créateur lyonnais de robes de mariées et président du village des créateurs, puis j’ai co-créé une première marque : Arsène & Laurent. Une marque de prêt-à-porter pour homme, dans un esprit « football vintage et dandisme ». J’ai beaucoup appris de cette première expérience mais je ne suis pas fan de foot…le côté gentleman avec de belles matières me parlait plus mais j’avais vraiment besoin de lancer une marque qui avait du sens pour moi.
Comment est née ta marque Leonor Roversi ?
Je suis une grande admiratrice de l’écrivaine mexicaine Elena Poniatowska. Elle a écrit une biographie de Leonora Carrington qui m’a beaucoup inspirée. Je me suis dit « ouaw » ! Leonora est née en 1917 dans une famille anglaise aisée, avec beaucoup de codes sociaux. Enfant, elle voyait ses frères sortir, jouer et, elle, devait rester à l’intérieur pour servir le thé. A 18 ans, elle décide de devenir peintre, et comme son père s’y opposait, elle quitte sa famille. Toute sa vie elle a vécu de et pour ses passions : la peinture, le théâtre, la sculpture… Sans jamais être muse, ça elle ne le voulait surtout pas ! C’est une femme forte, c’est la femme à qui je veux parler. Pas forcément une entrepreneuse, mais une femme qui lutte pour ce qu’elle veut être et faire. Leonora a vécu une grande partie de sa vie au Mexique, elle avait la nationalité d’ailleurs. La multiculturalité de cette femme me touche aussi beaucoup, forcément.
J’ai créé la marque Leonor Roversi fin octobre 2017 en hommage à Leonora Carrington, et Paolo Roversi, un photographe de mode italien que j’admire aussi beaucoup.
J’aimerais que les pièces de la marque soit fabriquées au Mexique ! Pour l’instant, une partie est faite au Portugal, une autre à Londres et encore une autre au Maroc.
Comment travailles-tu ?
Je fais déjà beaucoup de recherches historiques. Mon « S.NOB » s’inspire d’un magazine culturel mexicain des années 60 qui était contre le snobisme et qui tentait de démocratiser la culture. Sur les étiquettes des t-shirts, il y a l’histoire du visuel, et pour le S.nob il y a aussi une couverture du magazine de l’époque.
Le « NOW » s’inspire d’une affiche que la féministe américaine Betty Friedan, portait lors d’une manifestation dans les années 60 encore. Chaque pièce a une histoire très forte et un sens. Nous proposons les visuels sur sweats et t-shirts avec 5 coupes différentes : col V, col large…
Graphiquement, je fais des tests, beaucoup de tests, et je confie la sérigraphie à un Lyonnais, Matthieu.
Tous les 3 mois je lance une collaboration avec un artiste différent. La dernière est avec la blogueuse LaRox’Style.
Leonor Roversi, une marque féministe !
Oui, oui, oui, évidemment ! Le terme féministe fait peur à certaines personnes car ça a été parfois mal repris, mal représenté mais être féministe, c’est juste vouloir l’égalité. Beaucoup la veulent mais ne se disent pas féministe ! Nous on dit, l’égalité des sexes c’est NOW, c’est maintenant !!
Ta pièce fétiche ?
Le Girlboss en col large et le NOW.
Qu’aimes-tu à Lyon ?
Je viens de Mexico, une ville énorme avec un trafic de ouf ! Lyon est accessible, j’habite dans le 1er, et je suis très attachée à ce quartier arty.
Ce que j’aime aussi en France, c’est la mixité sociale. Tout le monde prend le métro, tout le monde peut faire plein de choses, en a en tout cas l’opportunité. Au Mexique, ce n’est pas le cas ! Le pauvre est très pauvre, la classe moyenne est quasi inexistante et le riche est très riche !
Mes bonnes adresses lyonnaises : Le Traboule Kitchen, ma cantine ! La boutique FripesKetchup, ils sont adorables et ont une véritable éthique. La boutique Blitz, David est tellement gentil ! Enfin pour voyager le temps d’un diner, La Bijouterie, et Casa Jaguar !
Merci Gabriela !