Marie, c’est une amie, une ancienne collègue et une illustratrice de talent. On avait depuis longtemps envie de la mettre en lumière, pardonnez-nous ce jeu de mot un peu trop lyonnais : Marie illustre en particulier des scènes de film. Et aussi parce qu’elle est lumineuse, toujours le bon mot, une pointe d’humour souvent bien grinçant ! Nous avons toutes les deux fait appel à son talent pour gâter nos proches. Les réactions sont unanimes : ses illustrations sont à couper le souffle, elles capturent parfaitement l’ambiance de la scène et les couleurs sont splendides. Pour nous, c’est le cadeau parfait. Si vous avez des cinéphiles dans votre entourage : n’hésitez pas à faire appel à Marie Hache !
Marie Hache, raconte-nous ton parcours !
Je suis lyonnaise et après des années à Toulouse où j’ai admirablement raté mes études de prof d’arts appliqués, je suis revenue à Lyon où je suis devenue graphiste freelance et dessinatrice. Je suis maintenant graphiste maquettiste, je mets en page livres, journaux ou magazines. Je fais parfois des illustrations pour le magazine Hétéroclite et dessine des scènes de cinéma pour moi ou les personnes qui me passent commande. Je dessine à la plume et encre de Chine, à l’aquarelle si couleurs il y a et parfois à la peinture acrylique.
Quel est ton lien avec le cinéma ?
Sunset Boulevard
J’ai toujours aimé le cinéma, le bon comme le mauvais j’avoue ! Comme pour beaucoup de monde je pense, c’est l’une des activités qui me détend le plus et parfois renouvelle ma façon de voir les choses. Travailler dans le milieu du cinéma m’a toujours fait rêver mais je me suis plutôt dirigée vers l’image fixe.
Pendant quelques années j’ai travaillé dans un cinéma (ce qui est certes bien différent), j’étais agent d’accueil dans un multiplexe à Lyon. Je vendais des popcorns puis ramassais ces même popcorns par terre dans des grandes salles. Eh bien en fait j’aimais bien ça, être toute la journée dans les salles obscures, ça me plaisait, il y avait un petit côté irréel. Et je pouvais voir plein de débuts et de fins de films, plus ou moins bons mais j’aimais cette ambiance. Je me demande même si ce que je préfère, ce n’est pas, plus que le film, le moment du pré-générique avec le lion qui fait graou par exemple. Par contre j’ai failli perdre ma santé mentale après avoir vu 40 fois la fin d’Avatar en récupérant des lunettes 3D !
J’ai aussi travaillé un petit moment en tant que graphiste à l’Institut Lumière. Et lorsque je travaillais comme maquettiste pour le journal le Petit Bulletin, j’aimais particulièrement mettre en page les critiques et programmes ciné.
Bref j’aime roder autour de l’univers du cinéma et j’adore y aller, là ça commence à beaucoup me manquer… J’ai juste eu le temps de voir Drunk entre deux fermetures et j’ai plutôt bien aimé.
Quel est ton film préféré ?
In the Mood for Love
Je ne sais pas si c’est possible d’avoir un film préféré, je suis obligée de répondre à cette question par une liste de films ! J’aime beaucoup Melancholia de Lars Von Trier, c’est un film qui m’a bien parlé, toute angoissée que je suis, je le trouve bien raccord avec notre époque et surtout très beau. J’aime beaucoup aussi Elephant Man et Blue Velvet de Lynch, La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder : ce film est trop bien, Le Privé d’Altman, Meurtre mystérieux à Manhattan de Woody Allen, In the Mood for Love de Wong Kar-Wai pour la photo, toutes les scènes de ce film sont belles à dessiner. Sinon j’ai bien aimé It follows Et je pense que j’ai vu 25 fois Carol, ça doit être mon côté romantique. Et puis plein de Hitchcock. Un petit Demy ne fait jamais de mal non plus ! Il est donc impossible de choisir, d’où ma réponse à rallonge…
Comment travailles-tu pour les commandes sur mesure ?
Je discute avec la personne de ce qu’elle souhaite. Si c’est pour elle et qu’elle a un film en tête je lui demande si elle a choisi une séquence ou encore mieux un photogramme en particulier. Sinon je choisis avec elle. Avant tout, je regarde le film pour m’imprégner de son atmosphère et repérer les scènes qui seraient intéressantes à dessiner, pour le rendu final et aussi pour le plaisir que je prendrai à la dessiner. On se met donc d’accord sur une scène qui nous plaît à nous deux. Ensuite je fais des captures d’écran jusqu’à trouver le moment que je trouve idéal. J’évite les images trouvées sur internet qui sont souvent des photos de tournage, pas des films, et qu’on a déjà vu 600 fois.
Puis on parle aussi du format à adopter selon l’idée de base et le budget. Si c’est pour un cadeau, le commanditaire doit d’abord enquêter habilement sur les goûts de la personne concernée.
Suspiria (travail en cours)
Puis place au dessin : si c’est un grand format je me mets des repères d’agrandissement d’images, je fais des calculs puis je me lance dans le dessin au crayon, puis à l’encre, ensuite je rajoute la couleur si besoin. Pour un très grand format, je peux utiliser une mise en place du dessin de base avec un projecteur, c’est ce que j’ai fait pour une grande scène de Suspiria de Dario Argento que je suis en train de terminer… D’ailleurs cette peinture là n’a pas encore de propriétaire si jamais !
Où est-ce qu’on peut retrouver ton travail ?
King Kong
J’ai un site mêlant mes travaux de graphisme et mes dessins : mariehache.ultra-book.com on peut aussi trouver mon travail sur Instagram : mariehachecinema. On peut me passer commande sur l’un ou l’autre. J’expose aussi parfois mais pas en ce moment !
Quels sont tes projets du moment ?
Au niveau dessin je termine donc ce grand format Suspiria qui sera peut être le début d’une série. Je réponds aux commandes lorsque j’en ai. Je prépare aussi un projet illustré avec le magazine Hétéroclite mais qui n’a pas de rapport direct avec le cinéma.
Fenêtre sur cour
Quels sont les artistes que tu admires ? Y a-t-il des illustrateurs·rices lyonnais·es que tu aimes ?
Là comme ça, des idées assez classiques me viennent. J’ai toujours aimé Edward Hopper et David Hockney, ça n’est pas très original mais le côté cinématographique me plaît. En plus contemporain, j’aime beaucoup les travaux d’Océane Moussé, Nicolas Maureau et Amandine Urruty.
Des illustrateurs-trices talentueux-ses il y en a vraiment plein, il suffit par exemple de feuilleter les pages de « kiblind » pour s’en apercevoir. Et donc surtout ne jamais se comparer lorsqu’on dessine aussi, sinon on ne fait plus rien ! Moi je m’intéresse surtout à la bande dessinée et à Lyon se trouve une maison d’édition indépendante nommée Arbitraire qui édite de supers BD que je conseille vivement !
Merci Marie !