Ce sont deux femmes, lyonnaises, qui ont décidé d’assumer leurs cheveux blancs, et aussi, d’en parler sur les réseaux sociaux. L’une débute sa transition, l’autre la termine bientôt. Leur point commun : elles reçoivent principalement des commentaires positifs, et inspirent à leur tour d’autres femmes à assumer leur cheveux blancs.
Virginie, à l’origine (avec Alice Dardun) du projet Going Grey Together

Crédits : Alice Dardun
Virginie est sophrologue et thérapeute hygiéniste, spécialisée en rééquilibrage alimentaire, gestion du stress et développement personnel. Elle intervient dans son cabinet à Lyon (4ème) ainsi qu’à distance. Ce qui nous fascine, c’est sa réflexion sur la phase de transition. La transition, c’est cette période où une partie des cheveux est colorée, et la partie qui repousse est au naturel. Pour Virginie, c’est une étape clé qu’il ne faut pas voir comme un mauvais moment à passer, mais comme quelque chose de positif et de très libérateur.
Quand as-tu décidé d’assumer tes cheveux blancs ?
J’ai commencé à avoir des cheveux blancs à 20 ans. A 25 ans, j’avais déjà 30% de cheveux blancs me disait la coiffeuse ! Dans ma famille, on a des cheveux blancs tôt, mon arrière-grand-mère était toute blanche à 30 ans. Il y a un peu plus de 10 ans, j’ai commencé à me poser des questions. Mais j’avais la trentaine, j’étais jeune pour avoir des cheveux blancs… Ça ne se faisait pas ! J’utilisais des teintures végétales de la marque Marcapar mais comme j’avais beaucoup de cheveux blancs, ça ne prenait pas très bien, je n’étais pas satisfaite du résultat. Et puis c’était contraignant, coûteux…

Crédits : Alice Dardun
En août 2018, je suis tombée sur des articles de la journaliste et écrivaine Sophie Fontanel qui est a l’origine du mouvement en France. J’ai lu son livre, Une Apparition, qui raconte les difficultés qu’elle a rencontrées lors de sa transition. J’ai fermé le livre et j’ai su que c’était bon. Le mois suivant j’ai entrepris un jeûne hydrique de 6 jours qui a joué le rôle de déclencheur. Pour moi, c’était clair, les couleurs, c’était fini. Et je ne suis jamais revenue en arrière.
Parle-nous du projet Going Grey Together !
Je me suis abonnée à un groupe sur Facebook pour avoir des retours d’expérience. Ça m’a pas mal aidée au début. J’ai vite ressenti le besoin de partager cette transition et d’aider les femmes à assumer leurs cheveux blancs alors j’ai lancé le compte Instagram Going grey together avec la photographe lyonnaise de talent Alice Dardun. Alice est photographe portraitiste, spécialisée dans le portrait en lumière naturelle. Nous avions déjà travaillé ensemble sur un autre projet, connaissant sa nature assez engagée, c’est tout naturellement que je lui ai proposé de se lancer avec moi dans l’aventure. Pendant 2 ans, on a pris des photos de ma transition tous les 4 mois. Puis peu à peu, on a ouvert le projet à d’autres femmes lyonnaises, qui ont choisi de vivre leur transition sans se couper les cheveux. Des photographes bénévoles m’aident sur le projet : Alice Dardun, photographe-portraitiste qui a assuré la majorité des shootings, Eva Merlier, artiste-photographe et Sophie Joliet artiste-photographe touche à tout. L’idée est de faire une expo avec toutes ces photos, en mettant en avant des portraits de femmes du début à la fin de leur transition. Je pense que dans un an on pourra envisager ça sérieusement.

Crédits : Eva Merlier
Quelle a été la réaction des gens autour de toi ?
Le plus dur dans la transition, ce sont les 4 premiers mois je dirais. Au début, les gens se demandent si tu as zappé de faire ta couleur… Après ça, ils savent que c’est une vraie décision ! Si je sentais que ça pouvait déranger des gens, j’anticipais et j’expliquais en quelques mots ma transition.
Mon mari m’a toujours soutenue ! Il adore, c’est un gros point positif. Mes filles, ados se sont habituées petit à petit. Pour le reste de ma famille, ça a été difficile au début, ils étaient sceptiques, certains disaient que c’était une mode que je suivais, on m’a dit que ça me vieillissait, que ça m’allait pas trop… Mais moi je me trouvais jolie, et c’est tout ce qui compte !

Crédits : Alice Dardun
Quel est le rôle de la transition ?
Je vois la transition comme un moyen d’ouvrir le débat, la discussion. Sinon on est dans l’immobilisme, on n’avance pas. La transition est aussi une façon de dévoiler ce qui se cache sous les teintures et qui ne se voit pas. C’est une étape de transformation intérieure, d’acceptation, elle renforce l’estime de soi quand elle est bien vécue et encourage d’autres femmes à franchir le pas si toutefois elles n’osaient pas.
Vous pouvez suivre Virginie sur Ma Part Verte, ainsi que le projet Going Grey Together.
Caroline Lanau-Imbert, journaliste et influenceuse
Caroline est journaliste, spécialisée dans les domaines de la mode, de la beauté et de l’entrepreneuriat féminin depuis plus de 10 ans. Lyonnaise d’adoption, vous la connaissez peut être sous le nom de What The Truck. Elle poste sur Instagram des tenues 100% vegan et définitivement stylées. Elle incarne une image moderne du veganisme, loin de la mode éthique en chanvre qu’on peut imaginer. Elle a d’ailleurs récemment gagné un prix lors de la Vegan Fashion Week ! Depuis quelques semaines, elle laisse entrevoir sur son Instagram des racines grisonnantes, alors on s’est dit que c’était le moment de boire un verre ensemble pour lui poser quelques questions !
Raconte nous ton historique capillaire !
Je me suis énormément coloré les cheveux, depuis que j’ai 22 ans, je ne connais plus la vraie couleur de mes cheveux ! J’ai énormément décoloré je suis passée par du blanc, du vert, du bleu, bref toutes les couleurs ! Ma vraie couleur, j’en ai perdu trace très rapidement. À force de les couper car je les avais complètement bousillé, j’ai décidé de ne plus rien faire. C’est à ce moment là que je le suis aperçue que j’avais des cheveux blancs ! Les couleurs, ça ne m’amusait plus car je ne faisais que du brun. Je suis vegan et c’était pas toujours facile de trouver des colorations vegan et cruelty free, les cheveux blancs viraient au marron/roux, donc je n’avais pas le résultat que je voulais.
Ta vision des cheveux blancs avant ?
Je n’ai pas énormément de cheveux blancs, mais sur des cheveux noirs, ça se voit ! Toutes les deux semaines, il fallait faire une nouvelle couleur. Les cheveux blancs, j’associais ça à une négligence. Je me disais que les gens allaient dire que je ne fais pas attention à moi, que je me fous de mon apparence, alors que c’est radicalement opposé a l’image que je veux renvoyer. J’ai été journaliste beauté, je ne pouvais pas me permettre qu’on pense ça de moi. C’est drôle, parce que je ne me suis jamais trop souciée de ce que les gens pensent de mon apparence. J’ai été habillée comme un clown, j’ai eu les cheveux n’importe comment et ça ne me posait aucun problème. Mais là, c’était vraiment le côté « je baisse les bras« .
Quel a été le déclic pour laisser tes cheveux au naturel ?
J’ai eu une conversation avec des amis il y a un peu plus de 6 mois, un ami à moi notamment. A une soirée, il n’arrêtait pas de me regarder dans les cheveux. Là forcément, mon réflexe a été de lui balancer sur un ton un peu agressif « tu regardes mes cheveux blancs, c’est ça ?? » et lui de me répondre que pas du tout, qu’il se demandait simplement quelle était ma vraie couleur de cheveux. Il m’a dit qu’il pensait que c’était hyper cool les cheveux blancs, que, sur ses potes qui assument, il trouve ça génial et stylé. Il m’a surtout dit « tu devrais continuer » ! Ça a commencé à faire son chemin dans ma tête. Ce soir là, tout le monde était d’accord pour dire que les cheveux blancs, c’était cool et qu’on s’en foutait. Là je me suis dit que c’était moi qui était hyper rétrograde ! Pourquoi d’un coup, ce serait grave ce que les gens pensent ? Et en quoi ce serait être négligée de porter ses vrais cheveux ? J’ai fait des recherches, je suis tombée sur les mouvement mondial Going Grey.
En y réfléchissant, l’une de mes idoles est Sarah Harris, la rédactrice en chef du vogue UK. Elle a de beaux cheveux blancs et longs depuis une dizaine d’années. Je n’avais jamais vraiment remarqué ses cheveux, cela n’avait jamais été un problème pour moi.

Sarah Harris, rédactrice en chef de Vogue UK
Alors, après tout, pourquoi pas essayer ? C’était l’occasion en 34 ans de vie de foutre la paix à mes cheveux, et de voir comment ils sont, de découvrir leur texture. Ça a vachement changé avec les années et les couleurs !
Ça fait 4 mois que j’ai arrêté aujourd’hui, ça pousse petit à petit. On a l’impression qu’on en a beaucoup quand on essaye de les cacher mais au final on en a pas tant que ça quand on a décidé de les assumer !
Quels sont les retours que tu as eu sur les réseaux sociaux, et de tes proches ?
Sur Insta, les retours sont plutôt positifs, étant vegan, je pense que les gens n’ont pas été étonnés. J’ai reçu beaucoup de message de nanas qui trouvent ça cool, qui me disent que ça les conforte dans leur décisions. C’est cool de lire ça !
Niveau boulot, je suis freelance, je ne suis pas en contact direct avec des clients ou supérieurs donc je suis plutôt tranquille. J’appréhendais la réaction de ma mère qui a toujours été une femme soignée, élégante qui me tannait avec mes looks crado d’ado punk ! Et en fait elle aime aussi beaucoup !
Vous pouvez suivre Caroline sur son compte Instagram What The Truck.
Merci Virginie et Caroline !