Mon beau-père est tapissier-décorateur (coucou Denis !) et, depuis longtemps, il me parlait de sa collègue Anne, qui selon lui faisait un travail remarquable dans le 7e arrondissement de Lyon. Toutes les deux fans de déco, nous avons immédiatement eu envie d’aller rencontrer cette femme inspirée et inspirante dans son atelier-showroom. Un après-midi de février, autours de tasses de café et entourées de tissus plus fous les uns que les autres. Elle nous a parlé reconversion professionnelle, tendance déco et l’intime caché dans nos fauteuils. Passionnant !
Anne, qui es-tu ?
Je suis normande, mariée à un Marseillais et installée à Lyon depuis 20 ans ! Vous êtes ici dans mon atelier-showroom dans lequel j’évolue depuis 6 ans. On est bien dans le 7e, on mange notamment très bien !
Je suis tapissière-décoratrice, je peux travailler tout ce qui touche au tissu dans la maison. Je fais essentiellement du siège mais je peux aussi confectionner des rideaux, des banquettes. Ma clientèle est surtout faite de particuliers, mais aussi d’architectes. Je restaure également, pour vendre ensuite dans des salons. C’est très sympa, c’est l’occasion de rencontrer une autre clientèle qui ne viendrait pas jusqu’à moi, qui ne sait même pas que j’existe !
Pour faire la différence, j’essaie d’aller chercher des marques de tissus que les autres n’ont pas, un peu moins connues comme House of Hackney qui propose du velours avec de belles fleurs. J’aime vraiment beaucoup les fleurs, je crois que ça se voit !! (rire) Je travaille beaucoup avec des marques britanniques car iels sont très doué.es. On verra avec le brexit ce que ça donne… Je n’oublie néanmoins pas les Français, comme Pierre Frey, ou Christian Lacroix.
Comment es-tu devenue tapissière-décoratrice ?
Ça remonte à plus de 25 ans quand j’habitais à Londres. Là-bas, les appartements sont meublés avec tout et n’importe quoi et ça m’a rendue dingue. Je ne pouvais plus vivre dans un environnement moche, alors j’ai commencé à bricoler, refaire des fauteuils avec mes moyens et mon savoir-faire de l’époque ! Quand j’y repense, c’était vraiment pas terrible…
Puis je me suis reconvertie dans ce milieu, j’ai suivi une formation professionnelle au lycée Lamarque à Rillieux-la-Pape pendant un an. Juste après mon CAP, je suis tombée sur un tapissier qui vendait son local, je l’ai racheté évidement ! C’est petit mais j’y suis tellement bien !
Je pense qu’il y a une cinquantaine de tapissiers-décorateurs sur le Grand Lyon. C’est une sacrée tradition, liée à l’histoire de la soierie. Beaucoup de messieurs, qui n’ont pas été ravis que la profession se féminise (Denis, tu ne fais pas partie de ceux-là, on sait) mais je crois qu’on a chacun.e notre style et donc chacun.e notre clientèle.
Comment travaille-tu avec tes client.es ?
On peut déjà échanger par mails, la personne me présente son projet, j’édite un devis, puis les gens viennent ici pour choisir un tissu. C’est plus pratique. Parfois, les gens me demandent un « tissu moderne »…mais qu’est-ce qu’un « tissu moderne » ? On n’a pas tous la même définition ! Ils viennent ici, je les guide, je les conseille.
Ce que je préfère faire, ce sont les fauteuils. C’est mon coeur de métier ! J’adore ça, c’est vraiment une passion. On entre dans l’intimité des gens quand on touche à leurs fauteuils. Bien souvent, ils appartenaient à la grand-mère, à l’oncle, ils ont grandi et vieilli avec ! J’ai déjà eu des clients qui se sont mis à pleurer en recevant un fauteuil refait !
Quelles sont les tendances déco actuelles ?
C’est le retour du velours et des fleurs, je suis ravie ! On est dans une tendance très opulente, j’adore ! On en met partout ! Le style scandinave, très beige, très blanc, très épuré, s’en va petit à petit, et ça me va bien. En tissu, 2 collections sortent par an, comme dans la mode.
Les chats sont tes meilleurs amis ?
Les chats sont nos amis, oui oui oui ! On refait tellement de choses grâce à eux !! Il existe un tissu spécial pour les chats, très serré pour que les griffes ne le traverse pas. Il se nettoie aussi, c’est un tissu moins joli mais avec un large choix de couleurs ! Dans un style moderne, ça passe je trouve !
Un métier éco-friendly ?
C’est compliqué… La mousse est toujours à base de produits pétroliers, la colle n’est pas écolo. Ce n’est pas encore au point mais de mon côté, j’essaie au moins de ne pas gaspiller, de récupérer les chutes. On commence à trouver des tissus recyclés mais on manque encore cruellement de choix.
Merci Anne !