Niveau publications féministes, on n’a pas trop à se plaindre à Lyon ! Nous avions envie de vous parler de 3 revues de qualité. Autant sur le fond que sur la forme. Belles et intelligentes. Des revues que l’on lit, que l’on aime beaucoup. Elles sont très différentes les unes des autres, complémentaires et nécessaires pour avancer ! Un peu comme 3 soeurs. Nous sommes allées rencontrer les femmes qui se cachent derrière ces titres. De vrais boosts, pour ne pas oublier que le féminisme est un combat de chaque jour.
Femmes ici et ailleurs : la grande soeur
Qu’est-ce que Femmes ici et ailleurs ?
Un magazine d’actualité créé en 2012 par le photo-reporter lyonnais Pierre-Yves Ginet qui menait des reportages dans le monde entier sur les femmes mais ne trouvait pas de relais dans la presse. « 80% des personnes dont il est question dans l’actualité sont des hommes » explique Sandrine, la co-rédactrice en cheffe, « à part quelques sportives, femmes politiques, artistes, fashionistas ou victimes, des gens comme toi et moi, des femmes agissantes il n’y en a pas. Comme si les femmes n’existaient pas dans la société ! ».
Montrer les femmes qui font des choses, partout dans le monde, c’est le prisme de ce magazine d’actu qui paraît tous les 2 mois. On retrouve systématiquement un fait historique, un portrait court, des brèves, un grand reportage international, un grand reportage français et une interview. 88 pages au total pour le dernier numéro.

Sandrine, co-rédactrice en cheffe de Femmes ici et ailleurs
Qui est derrière Femmes ici et ailleurs ?
L’équipe de Femmes ici et ailleurs compte une dizaine de personnes installées dans le 3e arrondissement de Lyon. Le magazine travaille aussi avec des pigistes en France et à l’étranger. Sandrine avoue, « je suis toujours assez sidérée par la qualité des profils qui viennent nous solliciter ! Ces personnes sont contentes d’avoir 12, 16 ou 18 pages à leur disposition pour faire des sujets longs ! Ça n’arrive plus depuis longtemps dans la presse ! »
L’après Weinstein ?
Pas évident pour l’équipe de ressentir un vrai engouement pour le magazine après les événements de l’automne dernier… Sandrine explique « il y a des combats qui fédèrent, et d’autres pas. La question de l’égalité femmes/hommes est vite clivante car on a tendance à mettre en valeur ce qui divise les gens sur ces questions plutôt que ce qui les unit »
Où trouver le magazine Femmes ici et ailleurs ?
En ligne, ou par le biais de vente direct ! « On a la vieille image des réunions Tupperware mais ces réunions ont certainement été les premières réunions féministes ! Les femmes se rencontraient, discutaient, et rapidement d’autre chose que de boîtes en plastique ! On trouvait que ça collait bien à nos valeurs » déclare Sandrine. Une centaine d’ambassadrices/ambassadeurs sont présents partout en France et permettent d’avoir l’abonnement d’un an à 48 euros à la place de 59.
La revue vit sans aucune publicité, uniquement grâce aux abonnements, qui s’élèvent aujourd’hui à 3000 !
Cacti : la cadette rebelle

Claudia, rédactrice en cheffe de Cacti
Qu’est-ce que Cacti ?
On a fêté le premier anniversaire de ce trimestriel gratuit samedi dernier à La Commune ! La ligne éditoriale de ce petit format est clair, ce sont les Lyonnaises ! Tous domaines confondus.
« Dès qu’on ouvre un magazine, on retrouve peu de femmes, et les quelques femmes présentes sont minces, blanches… C’est ultra normé et lisse !! Notre but est de faire l’inverse », confie Claudia, la rédactrice en chef du magazine.
Depuis un an, Cacti a balayé les thèmes du féminisme, de la sexualité, du genre avec à chaque fois des interviews, des shootings et des jeux, entre autre. « On dit les choses cash, on se moque du politiquement correct. » dit Claudia.
Le 4e numéro, actuellement distribué, porte le joli nom « Dans la peau » et aborde la sous-représentation des femmes de couleurs.
Qui est derrière Cacti ?
7 personnes forment l’équipe de Cacti, notamment Claudia que l’on a présentée plus haut et Lucie ci-dessous qui est illustratrice, mais c’est un magazine collaboratif, tout le monde peut donc participer à l’élaboration. Le projet est financé par l’association Golden Holden et quelques publicités dans l’esprit du mag.

Lucie, illustratrice pour le magazine Cacti
L’après Balance ton porc ?
Claudia avoue ressentir un changement depuis l’affaire Weinstein à l’automne dernier : « Maintenant on sait ce que veut dire le mot féministe ! Avant, beaucoup ne savaient même pas de quoi il s’agissait ! On distribuait le magazine, le 1er, avec écrit en gros « FEMINISME » et les mecs venaient nous le rendre !! Culturellement ça rentre dans la pop culture et c’est génial ! »
Où trouver le magazine Cacti ?
On retrouve Cacti dans une trentaine de lieux à Lyon (majoritairement dans le 1er : L’Effet Canopée, Blitz, le Dadashop) et Oullins (au Théâtre de la Renaissance). Le prochain sortira en septembre et parlera des femmes dans l’humour.
Soror : la petite dernière

Vanina, créatrice de Soror
Qu’est-ce que Soror ?
Il est tout frais, sorti le 14 mai dernier de la tête de la journaliste lyonnaise Vanina.
« Dans mon métier, je fais beaucoup d’interviews de femmes passionnantes. J’aime les écouter et c’est frustrant de n’écrire au final que quelques lignes sur la personne… Je voulais créer un magazine de portraits de femmes, qui prend le temps de raconter leur histoire« , dit-elle.
Si Vanina avait cette envie depuis longtemps, elle a vraiment commencé ce projet en septembre dernier avec la volonté d’offrir une histoire différente à chaque rencontre : une vigneronne, une artiste… « J’ai vraiment envie qu’on se sente inspiré.e en lisant Soror ! En interview, je pose systématiquement la question « pourquoi es-tu fière de toi ? », et j’ai souvent cette réponse « car je suis celle que j’ai choisi d’être ». Ce sont des femmes libres, actives, qui se demandent en permanence ce qui est bon pour elles, sans être dans la comparaison ni la compétition. »
Qui est derrière Soror ?
Vanina a 34 ans, elle est corse et lyonnaise depuis 6 ans. Elle est journaliste pour la presse écrite et la presse web féminine, notamment Marie-Claire. Elle a financé ce premier numéro de Soror grâce à ses fonds personnels et une campagne Ulule, qui lui a notamment permis de faire appel à l’illustratrice Mathilde Bel pour la couverture.
Un effet #metoo ?
Quand on lui demande quel effet a eu la déferlante #metoo à l’automne dernier, Vanina répond « Ça m’a confortée dans mon projet ! Si le timing a été complètement hasardeux, je me suis dit que je ne faisais pas fausse route, que ça avait du sens ! Et pas uniquement pour moi ! On a ressenti les mêmes choses au même moment et on s’est exprimé.e.s différemment en fait ! »
Où trouver le magazine Soror ?
En ligne ! Deux achats sont proposés : un achat simple à 15 euros et un achat solidaire, pour 20 euros on en offre, en plus du sien, un à la Maison des femmes de Saint-Denis, qui accueille les femmes victimes de violences.
Et quand on demande à Vanina s’il y aura un numéro 2, elle répond « j’adorerais…mais ça dépend de l’accueil du premier ! »
Ici, on souhaite longue vie à Soror en tout cas !
Merci Sandrine, Nathalie, Claudia, Lucie et Vanina !
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